Je me dois de casser quelques idées reçues. Toute innovation suscite le doute, parfois le rejet.
C’est un passage obligé du cycle d’acceptation du changement par l’humain. Oui, c’est humain, et c’est aussi mécanique. Une innovation est rarement parfaite et nécessite un temps d’amélioration, de positionnement. Bref, trouver son usage, son public, sa maturité.
C’est le cas du micro-learning. J’ai lu avec attention l’article de mon confrère, et non moins ami, Antoine Jambart, avec qui j’ai eu un débat sympathique autour d’un café au @SocialSellingForumParis dont je souhaitais vous faire part.
Article qui pointe du doigt ce que certains pourraient penser : À réduire les temps de formation, on ne forme plus.
Est-ce vrai ?
En tant qu’humaniste, il pourrait m’être difficile d’envisager qu’on peut remplacer une formation présentielle/humaine de 2 ou 3 jours en 30 stimulations de 3 minutes.
Oui, sauf qu’il m’est apparu un jour comme une évidence qu’il fallait l’inventer et le promouvoir pour certains usages.
Le besoin a été exprimé par des DRH elles-mêmes (deux femmes en l’occurrence). « Mettre les gens 2 jours dans une salle de réunion tous les 2 ou 3 ans n’est plus suffisant, les métiers avancent trop vite et il nous faut trouver de nouvelles méthodes. »
Ça ne veut pas dire qu’on doit supprimer les formations présentielles. Mais plutôt combler les « temps morts ». On a aujourd’hui la possibilité ET la nécessité de faire évoluer les compétences et les comportements de manière simple entre ces « temps morts » d’apprentissage, sans perturber l’activité quotidienne.
Pour « simplifier » l’évolution de compétences on a tout misé sur le e-learning, MOOC, etc. Ainsi on remplace le présentiel par un écran. Cela m’a toujours posé problème. Oui il est utile, mais c’est à mon sens l’outil le moins humain qui soit. Au final on a le même volume d’heures qu’en présentiel, le même engagement en termes de disponibilité, mais… seul devant son écran… Oui c’est utile dans certains cas et cela fait partie de l’avenir. Mais l’approche humaine est contestable. Et pourtant peu de professionnels la critique. D’ailleurs, lorsqu’on demande à des collaborateurs ce qu’ils en pensent, leur réponse commence souvent par : « pffffff…. [silence] …. Faut le faire…. ». C’est vrai que passer 40h seul devant son ordinateur….
C’est le cœur du système. Le micro learning ne répond pas au besoin de « faire un grand bond en avant rapidement». Il répond au besoin d’une évolution constante des compétences. Un peu, chaque jour. C’est d’ailleurs une méthode d’apprentissage ancestrale d’incrémenter les compétences les unes après les autres par petites touches. Quand on apprend à jouer du piano, on commence par la gamme de do majeur, puis on ajoute des complexités au fil des jours. C’est la philosophie même du micro learning.
En réduisant le temps de formation on réduit la quantité d’information. C’est vrai. Mais ce qui compte ce n’est pas la quantité d’information mais l’impact de la formation. Le rapport quantité/impact est notre indicateur. Une phrase peut résonner en nous à vie et nous changer. Des keynotes de 20 minutes nous inspirent, il y a des rencontres d’un jour qui nous marquent. À l’inverse il y a des romans qui nous endorment, des experts soporifiques, des séries TV qu’on arrête en cours, et bien sûr des formations présentielles qu’on suit en pensant au temps qu’on perd. Ce n’est pas parce qu’on grignote qu’on ne grossit pas. Et dans notre cas, ce qu’on cherche à faire grossir, c’est notre connaissance. Alors oui, picorer la connaissance peut avoir un impact fort à condition d’en maîtriser l’art.
Et oui, nos ados apprennent autant sur la vie en surfant sur internet qu’en cours. Ce ne sont pas les mêmes sujets bien sûr, mais de nos jours un enfant qui n’aurait que l’école comme apprentissage, sans micros expériences de vie, sans butiner la connaissance louperait beaucoup de choses. Nous faisons tous pareil. Les formateurs et les consultants font du micro learning continuellement. Vidéos sur internet, articles de presse, chroniques TV, keynotes de ci de là, etc. Si vous ne laissez à un consultant que ses gros livres, des formations de 3 jours, et ses discussions avec les clients il apprendra beaucoup moins vite qu’avec ces nouveaux outils.
Le principal frein à la formation est le temps. Si vous demandez à un professionnel pourquoi il ne se forme pas plus, il évoquera « je n’ai pas le temps », « ça coûte de l’argent », « il faut trouver la bonne formation ». On pourrait se satisfaire de ce postulat. Moi non, la formation doit être accessible à tous, simplement et pour un prix réduit. Le micro learning répond à cela. Non pas pour remplacer mais pour donner de l’impulsion, pour compléter et dans de nombreux cas pour combler un vide qu’on laisse tous s’installer !
Le micro learning est un outil parmi d’autres qui répond à de nombreux besoins connexes à la formation. Transmission d’une stratégie d’entreprise, animation d’un réseau, intégration des collaborateurs, guide quotidien pour faire évoluer ses pratiques, préparer ou augmenter l’impact d’une formation présentielle, etc. De plus il est peu engageant en termes de risques et de coûts, alors autant faire du test & learn (justement).
Mon avis a évolué sur la question. Je pensais qu’il se limitait à quelques domaines, mais mois après mois, je vois apparaître de nouveaux usages avec des retours plus que surprenants.
Pour les compétences fondamentales ? Oui on peut apprendre une langue, l’orthographe, les trucs et astuces de pro.
Pour les savoir-être ? Oui on forme à la relation client, au management, à la communication, à la sécurité sur les points de vente, au social selling, et tant d’autres !
Bien sûr qu’il y a des limites. Aucune solution ne répond à toutes les situations, surtout lorsqu’il s’agit d’humain.
Saucissonner une formation n’a aucun intérêt sans pédagogie adaptée, et c’est bien là qu’on différencie les solutions. C’est pour cela qu’il faut s’inspirer d’autres modèles. Puiser dans le ludique, les techniques d’impact et de mémorisation, de rituel voire d’affect avec l’histoire qu’on raconte. Et c’est bien ainsi qu’on passe de la micro information abstraite à une histoire dont on a envie de connaître la suite.
Oui, on a perdu l’habitude d’écouter 30 fois le même album. Nous n’avons plus l’objet dans les mains, le son est techniquement de moins bonne qualité. Mais nous écoutons beaucoup plus de musique aujourd’hui, elle est accessible à tous à volonté pour 10€ par mois (voire gratuitement) et notre culture musicale s’en trouve élargie. Notre plaisir est quotidien. Mais le mieux … est qu’on a jamais vendu autant de places de concerts, l’industrie des festivals est en plein boom. C’est pareil pour le microlearning et particulièrement chez @Yoomonkeez dont l’objectif est de développer la connaissance, accessible à tous.
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